Composer le réel Camille Sauer & Marion Moskowitz
Du 29 mai au 2 juin 2019, Les interactions créatives et la galerie de l’Openbach présentait un nouveau duo d’artistes rassemblées pour leur vision de ce qui les entourent, leur lien au design, au jeu et à la société en général.
-Marion Moskowitz est une artiste née en 1989 qui vit et travaille à Paris. En 2017, elle fonde le LAPSE collectif avec Sophie Pugnet, Alexia Chevrollier et Charlotte Gunsett.
Ses oeuvres sont autant de questions sur la place que l’on accorde à l’objet dans notre société : du sens qu’on lui donne à la part d’affect qu’il renvoie à chacun. Elle se joue des codes et détourne tour à tour des objets repérables, connus et chargés d’histoires personnelles ou universelles.
Ses sculptures et installations sont souvent liées à un souvenir personnel qu’elle réinterprète pour donner une lecture poétique non sans cynisme afin d’évoquer une vision semble-t-il désenchantée de notre monde. C’est ainsi que la pierre de mélancolie de Dürer s’affabule d’un rose cochon, l’artiste organise un concours de craché de noyaux, un tapis rouge se trouve prêt à pétarader, des pèse-personnes se dérèglent pour devenir carré magique, le sapin se grime en guirlande, la Bible de Gustave Doré s’empare du mobilier Ikea; En somme, tout y passe.
Elle recompose, détourne, et triture nos symboles, allégories, emblèmes, mythes anciens et contemporains, en employant un vocabulaire souvent associé au cheap ou au kitsch.
Marion Moskowitz nous offre une œuvre colorée, drôle et festive, qui pose pourtant un regard mélancolique et empreint de nostalgie sur ce monde. Elle aborde sans y paraître des questions dérangeantes telles que la fin des utopies, la mort de l’artisanat, l’identité féminine, la grande désillusion contemporaine,…
– Camille Sauer est une artiste qui fait violence à la pensée. Récemment diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris, elle cherche, fouille et remet en question ; remplit de schémas, formules et jeux de mots de nombreux carnets de travail ; écrit, compose et met en forme. Nous sommes face à une boulimie de la pensée, mais une boulimie qui n’est pas égocentrée, au contraire faite pour être partagée, expérimentée, assimilée et propagée.
Si Camille Sauer s’intéresse au jeu, à la musique, au langage, à la psychologie ou encore à la sociologie, c’est dans l’interférence que se trouve le cœur de son travail. L’évolution repose sur l’échange, la création sur la confrontation. Le jeu comme vecteur de compréhension. L’interférence comme processus créatif.
« On additionne les formes simples pour dire. On construit pour dénoncer. On répond au flot incessant d’images par les formes de son esprit. »