Cécile Hadj-Hassan et Félix Rodriguez-Sol – Ce qu’on a sous les yeux se rend invisible

Cécile Hadj-Hassan et Félix Rodriguez-Sol - Ce qu'on a sous les yeux se rend invisible

L’exposition de Cécile Hadj-Hassan et Félix Rodriguez-Sol, sur proposition de Joanna Wong se présente au premier abord comme des fragments d’errances, d’où émerge une recherche sourde : la tentative de capture, d’emprise sur un réel friable, que l’on sent s’échapper de toutes part. Un ensemble de gestes qui révèlent leur propre vulnérabilité, leur incapacité à restituer pleinement une vie. Du 7 au 11 mars 2018.

En témoigne le geste récurent de la prise d’empreinte, qui saisit l’enveloppe des êtres et des choses, mais vidées de leur substance, de leur esprit. La tiédeur de l’existence  est absente, elle s’est ici substituée à l’argile, ersatz de la chair. Des copies, des masques d’argiles passées à la fournaise pour se durcir, prendre corps, puis devenues froides.  Il s’en dégage une apparence de vie pétrifiée : l’exposition nous plonge dans cette temporalité trouble de l’encore vif et du déjà mort.

La figure du marcheur est centrale. Sujet lui même à toutes les métamorphoses, il cristallise sous différents états .Il se présente démultiplié en ombres qui se divisent, glissent dans plusieurs directions. Il réapparait sous forme d’une silhouette traquée dans l’enchevêtrement d’une forêt. Ailleurs, il déroule lentement un fil d’Ariane jusqu’à s’échapper de notre vue, non pas dans la géométrie compliquée d’un labyrinthe, mais dans un paysage désert et limpide.

Le marcheur traduit sous différents états les phénomènes de perte de repères et d’identité, un corps devenu anonyme, poussé à devenir autre chose, à se redéfinir au contact de son environnement.

Considérer ces survivances inscrites dans l’argile, le plomb, l’épiderme du papier où encore le jeu d’ombre et de lumière de la vidéo comme un passage vers de nouvelles images, de nouvelles identités. Et ainsi retourner la formule : de l’encore mort au déjà vif.